Comment j’ai failli gerber mon petit déjeuner et perdre toute confiance en l’humanité en allant à la Great Ocean Road.
Il ne me restait plus que deux jours à Melbourne et il était hors de question de laisser passer un endroit pareil. J’ai donc décidé, à l’arrache, de prendre un « express tour » d’une journée à $96. Faute grave.
C’était le genre de circuit réservé aux backpackers et aux sans-dents (ouais, y a une différence). On m’a donné rendez-vous devant St Paul’s Cathedral, à Flinders Street, où un minibus et quelques backpackers m’attendaient. Après avoir écorché mon nom de famille en faisant l’appel comme à l’armée, on m’a prié de monter à l’arrière du bus. C’était parti pour 3 heures de trajet dans les lacets de la Great Ocean Road, avec un trisomique qui se prenait en photo avec sa GoPro, regardant au loin à travers la vitre.
Mais, mec, t’étais tout seul. Personne ne s’est dit « hihi il est trop mignon avec son air pensif et rêveur, je vais le prendre en photo pendant qu’il regarde à la fenêtre 🙂 ». Non, mec, parce que t’étais tout seul. Tout-seul.
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Rien ne te choque sur la carte ? Il y a près de 300 km entre Melbourne et la Great Ocean Road. En Australie, les distances sont tellement énormes qu’ils considèrent cet endroit comme un point touristique relatif à Melbourne. Je me suis donc posé la question suivante : est-ce que, pour eux, Strasbourg est une annexe touristique de Paris ?

Premier arrêt : Urquhart Bluff
À part un nom imprononçable et une jolie plage, je n’y ai rien vu de particulier, mais on m’a filé du café et des gâteaux.

Deuxième arrêt : Memorial Arch
C’était typiquement un arrêt pour touristes. On m’a même carrément prié d’aller prendre une photo, mais comme je suis un artiste rebelle, j’ai répondu : « euh… tu parles à un mec qui vient du pays de l’Arc de Triomphe et de la Grande Arche de la Défense, alors question arches, tu m’excuseras, mais j’ai vu mieux que tes trois rondins de bois empilés les uns sur les autres. D’accord. », puis je l’ai fait sans discuter.
Le quart d’heure qui a suivi m’a fait regretter mon petit déjeuner, gracieusement offert précédemment. Il fallait bien comprendre que, pour faire ce parcours en une journée, cela nécessitait au chauffeur de rouler à vive allure dans les lacets des montagnes et de nous dire quand monter et descendre de l’engin sans climatisation. Ce qui a légèrement gâché la route sublime perdue entre les montagnes et l’océan.

Troisième arrêt : Kennett River
J’ai demandé au chauffeur un sac plastique « au cas où ». Evidemment, en tant qu’australien viril et poilu, il s’est foutu de ma gueule en me tendant un doggy bag. Vexé, je lui ai claqué en pleine face : « Ben ouais, naturellement, t’as jamais dégueulé de ta vie, triple buse. T’es né avec une paire de couilles énormes, des mains de maçon et une grosse voix de poissonnier portugais. Laisse-moi deviner, ton passe temps c’est de te gratter les couilles et de faire la guerre ? Merci, désolé. », puis j’ai acheté des pilules anti-vomitives. J’ai tout de même approché de très près des perroquets et de très loin des koalas mais, à ce jour, je n’ai toujours pas compris où était la rivière.

Quatrième arrêt : Apollo Bay
On s’y est juste arrêté pour manger dans un restaurant « réputé ». C’était plus que quelconque. Il n’y avait même pas d’escargots de Bourgogne.

Cinquième arrêt : Otway Rainforest
On nous a montré des eucalyptus géants et, si j’ai bien compris, on nous a expliqué que, jadis, on mettait des prisonniers dans les troncs. À ce moment là, la seule question que je me suis posée était : « D’accord, mais c’est plus petit ou plus grand que les cellules de Fleury-Mérogis ? ».
LA M I N U T E C U L T U R E
The Twelve Apostles (Les Douze Apôtres) s’appelaient, jadis, The Sow and Piglets (La Truie et les Porcelets). On a changé le nom pour les touristes. En plus de ça, elles ne sont même pas 12 mais 9. En réalité, il y en a une qui a passé l’arme à gauche le 3 juillet 2008. Depuis, elles ne sont plus que 8. De plus en plus lamentable. Cependant, des rumeurs persistantes parleraient de la formation d’une neuvième aiguille.
Ces blocs ont été formés par l’érosion et l’avancée de la mer sur la falaise calcaire. Merci Jamy ! C’était La minute culture. Le reste, c’est par ici. Revenons-en à mon histoire, plutôt.
Sixième arrêt : Port Campbell National Park (The Twelve Apostles)
Je dois reconnaitre que le paysage était sublime mais j’ai dû, une fois de plus, me battre avec une multitude d’asiatiques pour ne pas les avoir devant mon objectif. Il y en a même un qui m’a demandé de le prendre en photo. Ce à quoi j’ai naturellement répondu : « J’ai l’air d’être photographe, connard ? Oui, bien sûr. », avec le sourire. Puis ce bougre d’âne m’a fait recommencer la photo parce qu’il cachait une partie du paysage. Lorsqu’il fut parti pour aller déranger d’autres photographes, j’ai tout de suite repensé à ce détournement du capitaine Haddock qui tournait sur internet.

Septième arrêt : Loch Ard Gorge
Prends le paragraphe ci-dessus et copie-colle-le.

Huitième et dernier arrêt : London Bridge
Prends le paragraphe ci-dessus, enlève les asiatiques et copie-colle-le.

Le retour n’avait pas grand intérêt. C’était une simple suite de paysages de la campagne australienne pendant 3 heures.
F O C U S P H O T O G R A P H Y

L A P R O F O N D E U R D E C H A M P
Il y a deux principaux types de profondeur de champ : la courte et la longue. La courte, c’est quand tu as un joli flou derrière ton sujet qui l’isole et le met en valeur. La longue, c’est quand tu as un vaste paysage net sur plusieurs plans.
Pour illustrer la profondeur de champ courte, je te conseillerais d’aller voir le travail de Vadim Trunov et plus particulièrement son étonnante série sur les écureuils dans la neige. Un travail d’une telle qualité nécessite un objectif très lumineux.
Quant à la profondeur de champ longue, je te conseillerais plutôt d’aller voir le travail spectaculaire de Max Rive, adepte des panoramas groenlandais.
Pour photographier la Great Ocean Road, tu l’auras compris, j’ai dû utiliser une petite ouverture du diaphragme pour obtenir une longue profondeur de champ (entre f/8 et f/13, selon la luminosité ambiante). Qui dit longue profondeur de champ dit vitesse moins élevée donc appareil photo stable. Alors n’hésite pas à prendre ton trépied ou à poser ton appareil sur les barrières de sécurité.
Par ailleurs, lorsque tu vas visiter ce parc national, fais toujours très attention aux horaires. Selon l’heure, les « apôtres » seront plus ou moins ombragés et, à moins de le vouloir pour une quelconque expérience de « clair-obscur », les parties sous-exposées ne rendront pas ta photo très jolie.
En outre, si tu en as l’occasion (c’est-à-dire pas comme moi), sache qu’il y a beaucoup moins de monde au lever et au coucher du soleil.



A D V E R T I S E M E N T
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