
Que se passe-t-il lorsqu’un flic t’arrête pour excès de vitesse aux États-Unis :
A – Il te passe les menottes et te plaque comme une merde sur le capot bouillant de ta bagnole, puis finit par te coffrer à l’arrière de son pick-up tel Walker Texas Ranger. Et là, crois-moi ma salope, tu vas passer un sale quart d’heure avant de rentrer à pied.
B – Oh non, ça va en fait. Ils peuvent être assez cool et simplement te faire un rappel à la loi.
C – A et B et donc C.
La réponse est dans l’article.👇
~ CANNON BEACH ~
↓




LES AFFRANCHIS
¯
Voici une histoire. Et elle est vraie.
J’ai environ treize ans. Je sors avec mon meilleur ami pour rejoindre des potes à Maisons-Alfort. On se retrouve tous assis par terre dans le hall dans un immeuble, en bas d’une cité HLM. Nous sommes au début des années deux mille et notre style vestimentaire se résume à un jogging et une paire de Air Max.
Difficile de me souvenir si nous portions une casquette, et si nous étions ainsi affublés du total look « zonard ». Mais c’était pas impossible. Dans tous les cas, tu n’aurais pas aimé nous présenter à ta fille.
Mon acolyte est un parfait exemple de ce qui provoque une dissonance cognitive chez les réacs. Il porte un prénom français qui les ferait triquer et un nom de famille à consonance italienne. Un pur produit européen, en somme. Néanmoins, il a le teint basané et moins d’un millimètre de cheveux sur le crâne. Malgré nos fringues et sa « gueule d’arabe », nous ne sommes pas des délinquants. D’ailleurs, nos casiers sont à l’image de notre sexualité : totalement vierges.
Bien qu’on soit déjà du genre à draguer tout ce qui bouge. C’est même grâce à lui que j’ai roulé ma première pelle l’été dernier. C’était une jolie kabyle aux yeux bleus. En plus, elle avait deux ans de plus que moi.
En fin de journée, nous nous décidons à rentrer en RER en effectuant un trajet à travers banlieue-land. Au moment de monter dans le train, je sens brusquement une main agripper mon épaule. Une voix m’ordonne de descendre de la rame d’un ton sec et discourtois. Ce sont des flics en civil. Des flics de la BAC. Ceux qui ont la réputation d’être franchement antipathiques. Ceux qui ne te vouvoient pas.
De toute façon, les baqueux sont imbuvables avec tout le monde. Y compris à l’égard des bobos sur les quais de Seine. Un verre de rosé, ça passe. Mais gare à toi si tu fais tourner un joint pour célébrer l’anniversaire d’Anne-Charlotte.
On se retrouve alors face à un mur, les jambes écartées et fouillés de la tête aux pieds. Nous avons juste un téléphone chacun, un titre de transport et un paquet de clopes à moitié entamé pour deux. Mon ami a également un petit couteau sur lui.
– Et le couteau, c’est pour quoi faire ?
– J’en sais rien, pour me défendre…
Faut dire que mon pote était un peu con. Gentil hein, mais con à bouffer du foin.
– Avec ta gueule, c’est pas plutôt toi qui agresses les autres ? Tu veux voler un portable ?
– Ben non, regardez ce que j’ai…
Il avait un téléphone dernier cri que son père lui avait offert à Noël.
– Réponds pas ou j’t’en colle une.
Enfin, avant de nous relâcher, et le temps de contrôler nos papiers, ils nous ont assis sur un banc.
Mon ami comprit à son contact que ses rapports avec la police seraient durs. Que le respect, tout comme lui, il pourrait s’asseoir dessus.

o
o

Toujours est-il que j’ai débarqué à l’aéroport international de Seattle-Tacoma un soir d’été. Loin de mon adolescence et de la grisaille de la banlieue parisienne.
– Hey mais Seattle n’est pas en Oregon !
– Bien joué, Jean-Kévin. C’est dans l’état de Washington. Au nord de l’Oregon, donc.
Pour des raisons pécuniaires, j’ai préféré atterrir dans la ville du célèbre film Sleepless in Seattle. Ce navet dans lequel cet acteur très médiocre de Tom Hanks a le rôle principal.
Ok, il a joué dans de bons films. Mais à part Forrest Gump, où le rôle d’un simplet lui va à ravir, il n’y a pas grand-chose à tirer de sa gueule insipide.
Avant d’arriver à Springfield, j’ai fait un détour par Portland. La ville qui a connu des émeutes en 2020 suite à la mort de l’afro-américain George Floyd.
Oui, Springfield est la ville qui a inspiré les Simpson. Mais à part deux ou trois fresques, il n’y a aucun rapport avec la série. Pour le reste, cette ville est à l’image de la quasi-totalité des bourgades américaines. C’est-à-dire des espèces de zones commerciales et industrielles entourées de maisons de banlieue. En d’autres termes : une certaine idée de l’enfer pour un citadin comme moi.
Je n’ai jamais compris pourquoi ces soulèvements ont éclaté à Portland, puisque George Floyd est mort à Minneapolis, dans le Minnesota. À savoir à 2 800 km de la principale ville d’Oregon. Dans tous les cas, c’est assez ironique, car c’est justement dans la « Cité des Roses » que je me suis fait arrêter par la police.
Bim ! Transition de l’espace dans ta face.

C’était donc la réponse C. Mais la suite va te surprendre !

L’OREGON, C’EST QUOI ?
¯
État côtier de l’Ouest américain, l’Oregon a pour voisins la Californie et le Nevada au sud, Washington au nord et l’Idaho à l’est. Salem en est la capitale fédérale. Cet État du PNW (Pacific North West) est partagé par une frontière naturelle constituée par la chaîne de montagnes volcaniques appelée « Cascade Range » (ou chaîne des Cascades).
L’économie de l’État repose en grande partie sur le secteur primaire : production de céréales, de fruits et légumes, mais aussi élevage de bovins et de volailles, ostréiculture et pêche. L’exploitation forestière est également une ressource non négligeable.
La Vallée de Willamette, au centre de l’État, constitue le cœur de l’agriculture et de la viniculture de l’Oregon. Au printemps et pendant l’été, des petits marchés fermiers éclosent dans toute la vallée. Cette dernière est également très réputée pour ses vignes et ses fameux pieds de Pinot Noir. And last but not least, c’est la région la plus sèche de tout l’État. On y compte environ 300 jours de soleil par an.
Mais un dessin est toujours plus parlant :

Et devine où je me suis retrouvé pendant 1 mois ? Bon ok, faut dire que les forêts de cette région étaient particulièrement spectaculaires.

FUN FACTS
¯
- Le drapeau de l’État du Castor est le seul drapeau des 50 États américains à avoir 2 côtés différents.

- C’est le premier État à avoir légalisé l’euthanasie en 1994. Le taux de suicides est donc parmi les plus élevés du pays.

- Les résidents de l’Oregon possèdent un quart de la population totale des lamas du pays.

- Selon la légende, le nom d’Oregon pourrait provenir de la déformation du mot français « ouragan », se référant aux puissants vents chinook du fleuve Columbia.

- L’Oregon et le New Jersey sont les seuls États sans stations-service en libre-service. Tu dois donc attendre qu’un pompiste te serve.

- Au début du film The Shining de Stanley Kubrick, on aperçoit le Timberline Lodge sur le Mount Hood. C’est l’hôtel dans lequel se passe toute l’intrigue. Les scènes d’intérieur ont été, quant à elles, tournées dans un hôtel en Californie.

- Portland est la ville la plus blanche des États-Unis avec plus de 70 % de caucasiens. Aujourd’hui, Portland est considérée comme une ville libérale et tolérante.
Bien qu’il soit plus facile de l’être lorsque la plupart des gens sont de la même couleur de peau.

~ WILLAMETTE NATIONAL FOREST / MACKENZIE HIGHWAY ~
↓


UN VOYAGE, UN PHOTOGRAPHE
¯
Né le 19 avril 1926 à New York et mort le 10 septembre 2022 à Paris, William Klein est un photographe, peintre, plasticien, graphiste et réalisateur américano-français de films documentaires, publicitaires et de fictions.

o
Artiste pluridisciplinaire, il a notamment révolutionné certains domaines de la photographie comme la photographie de mode et la photographie de rue.
Ses ouvrages sur les grandes capitales mondiales New York, Rome, Moscou, Tokyo, Paris, ont concouru à faire de lui l’un des photographes les plus illustres et influents de sa génération.

o
« Ma devise en faisant le New York était : « Anything goes ». Elle me va toujours, encore aujourd’hui. Pas de règles, pas d’interdits, pas de limites. » En 1954, William Klein retourne à New York après huit ans d’absence, il réalisera un « journal photographique » percutant de ce court séjour. Jonglant entre sentiments d’amour et de haine pour sa ville natale, il présente New York comme une métropole chaotique et désordonnée presqu’absurde.

o
À travers cette œuvre majeure de l’histoire de la photographie, on peut observer comment un jeune peintre abstrait de 26 ans s’est emparé de la photographie du réel pour en changer toutes les données. Le grain, la violence des contrastes, les compositions complexes, le décadrage, les déformations, le bougé de la photographie de presse deviennent les éléments d’une démarche volontaire.

o
William Klein refuse l’objectivité documentaire, pourtant de rigueur à l’époque, et s’autorise un parti pris qui efface toute distinction entre le photographe et son sujet. En employant du film ultra rapide, un grand angle et une méthode de tirages inhabituels, il est l’un de ceux qui signent l’entrée du médium photographique dans l’Art contemporain.

o
Refusé par les maisons d’édition américaines, Life is Good and Good for You in New York: Trance Witness Revels sera publié, avec l’appui de Chris Marker, aux Éditions du Seuil en 1956, et recevra le prix Nadar en 1957. Il est aujourd’hui considéré comme l’un des ouvrages les plus importants de l’histoire de la photographie. D’autres portraits de villes suivront : Rome, Moscou et Tokyo.
~ SAMUEL H. BOARDMAN STATE SCENIC CORRIDOR ~
↓

o
o

Longtemps, j’ai rêvé de l’Oregon. De ses forêts de sapins et de ses côtes qui semblaient si peu apprivoisées. De son climat extrêmement pluvieux et en même temps idéal pour donner naissance à une végétation si dense qu’elle persiste même sur ses monolithes côtiers. Comme une sorte de région tropicale du Nord.
Cependant, et aussi étonnant que cela puisse paraitre, je m’attendais à une météo plus capricieuse. J’aurais voulu donner à mes clichés un aspect plus « moody ». En fait, j’espérais plus de pluie, plus de nuages à basse altitude emprisonnés dans les arbres… et moins de soleil.
Ben ouais connard, fallait pas venir en plein été si tu voulais qu’il pleuve.
En revanche, je ne m’attendais pas à ce centre rural et chiant à mourir. Avec ces villes de merde successives où l’on retrouve toujours les mêmes chaînes de merde pour manger les mêmes hamburgers de merde. Et que les américains parcourent au volant de leur gros 4X4 pour aller dans leur gros Walmart pour remplir leur gros frigo avec leurs grosses courses.
Oui, j’en ai gros sur la frite.
J’ai visité par deux fois le Pacific North West, cette immense région qui s’étend du nord de la Californie au sud de l’Alaska. Une fois à Vancouver Island et une fois en Oregon, en faisant un petit détour par l’État de Washington. Et j’ai beau avoir voyagé dans des endroits absolument stupéfiants tels que la Nouvelle-Zélande, l’Islande ou la Patagonie, cette partie du globe reste et restera pour moi mon principal coup de coeur.
Tout simplement.

(Pardon, P. Diddy.)

Finalement, j’ai changé de style vestimentaire. Et la police ne m’arrête plus que pour excès de vitesse. Est-ce que je dois continuer à la haïr ? Ou est-ce que ce n’est pas à moi de répondre à cette question ?
L’histoire est simple. Un homme se fait arrêter par la police et meurt.
Mon introduction et mes strips n’étaient pas des histoires justes, c’étaient juste des histoires.

« Les Etats-Unis d’Amérique forment un pays qui est passé directement de la barbarie à la décadence sans jamais avoir connu la civilisation. »
– La formule est ancienne et d’origine indéterminée. Sous sa forme actuelle, elle est fréquemment attribuée à Albert Einstein mais c’est peu vraisemblable. Elle proviendrait plus certainement de Georges Clemenceau, Alphonse Karr ou Oscar Wilde. –
C’est génial comme d’habitude les photos sont incroyables histoires racontées la découverte du pays de tous ces petits détails à un regal et je continuerai à dire tes BD illustration putain tu déchires
J’aimeAimé par 1 personne
Toujours de très belles photos (il faudrait être de mauvaise foi pour prétendre le contraire) mais pas seulement : j’ai remarqué il y a un moment déjà, une composante qui se confirme de plus en plus dans tes photographies, à savoir l’utilisation (et surtout le rendu) des lignes géométriques , telles que les différences de niveau du terrain, la perspective des rails d’un chemin de fer, les effets miroirs de l’eau qui créent des symétries de paysages, pour ne citer que ces quelques exemples, ce qui entraîne un personnalisation des tes photos, et qui leur évite d’être « communes ».
J’aimeAimé par 1 personne